On reproche assez aux éditeurs leurs lettres de refus stéréotypées. On les présume suffisamment ne lisant pas les manuscrits arrivés par voie postale. On ne va donc faire grief de rien à qui, ayant lu, se fend au surplus d’un refus personnalisé… Oui, ils sont précieux ces qui-là permettant qu’enfin s’ouvre le débat.
Ainsi, un éditeur m’écrit :
“Votre récit manque cruellement d’épaisseur romanesque ; vous le faites exister par les mots, mais l’avalanche de ces derniers étouffe le lecteur. Nous ne sommes pas sensibles à votre écriture artiste, mélange de verve et d’érudition.”
Cher éditeur,
Certes, me sais décalé plus qu’à mon tour. Mais là… comment ai-je pu ? Des mots… j’ai fait exister un roman par des mots ! con de moi ! Inutile de vous dire ce à quoi je m’emploie en ce moment… plein la bouche !… pas des mots hein ! Des mots… choisis !… pour aggraver mon cas. Des mots suintant la verve, l’érudition… Haut le cœur ! Chapeau l’artiste ! Indécrottable bohème… je mourrai un jour dans mes mots, étouffé !… cerné d’insensibilité générale. Alors ce sera fini et je serais bien content.
Sincèrement.