Écrivant

Il aura suffit de l’embrasement de quelques blogs…

Démêler l’écrivain de l’écrivant…

Contribution :

“ÉCRIVANT, subst. masc. ÉCRIVANT, ANTE, part. prés., adj. et subst. masc.
Emploi adj., rare. [En parlant d’une pers.] Péj. Qui écrit trop et n’importe quoi.
‘Les règles de la poésie et de l’éloquence, destinées à modérer la folie bavarde et écrivante.’ (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 299).”

“ÉCRIVAIN, subst. masc.
Celui, celle qui compose des ouvrages littéraires.
‘Il faut savoir, bien sûr, que l’on décide d’être un écrivain. En avoir les capacités, voire quelques preuves enfermées dans un tiroir, ne signifie rien tant que l’on n’est pas résolu. Au talent supposé, il faut ajouter la volonté – je dirais presque à parts égales.’ (DJIAN, Ardoise, 2002, p.75).”

Je n’y reviendrai pas.

Écrivain-écrivants

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La poésie

Pour tenir.

Pypo l'intello© “Dimanche en 9 manches”, in “William Vaurien – Embrouille au Pypoland”, Tramber, Les Humanoïdes Associés, 1984.

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Vade-mecum à l’usage des participants aux concours de nouvelles et aux nouvellistes candidats à la publication en revues

Et puis il y a les concours de nouvelles…

Cent vingt que recense Le Guide des Concours de nouvelles 2005-2007 (L’Encrier Renversé). Et peu, bien peu, pouvant se targuer d’une réelle dimension littéraire. Stéphane Laurent est l’organisateur de l’un de ceux-là. Sur son blog, à Voie de garage en 15 000 signes, il explique pourquoi il jette l’éponge :

“Sous mon bureau se trouve un amoncellement de papier de presque un mètre : les textes en cours de lecture d’un concours de nouvelles noires que j’organise depuis cinq ans. Ne les cherchez plus, les frustrés de l’édition, les ménagères à la plume du dimanche, les bourreurs de lignes, les spécialistes du poncif au kilomètre : ils sont sous mon bureau. Mais c’est fini : cinquième édition pliée, je rendrai mon tablier. Le combat s’arrête faute de combattants. De combattants valables, j’entends : pour cinq ou six tireurs d’élite, quelle piétaille incapable de différencier pied gauche et pied droit, et pas foutue de se faire tuer proprement ! Terminée, enfin, l’hypocrisie du palmarès : « tant de textes cette année ; que la compétition fut âpre et cruelle ! » Mensonge ! Tous les ans, cinq ou six textes volent à mille pieds au-dessus de la masse et se partagent sans le moindre mal un podium à trois places. Ils sont des dizaines à mettre leur espoir dans dix pages et 15 000 signes, mais le résultat est si pauvre que je sens poindre en moi une forme de mépris. Très mauvais, ça, le mépris. Vite, passer à autre chose…”

Qui s’est fourvoyé un jour dans le jury d’un tel concours ne viendra par contredire Stéphane Laurent… On aurait même envie d’en rajouter. Parce que, si les concours de nouvelles attirent aujourd’hui ce tragique tout-venant, c’est aussi qu’ils sont légion, ces gentils organisateurs de “manifestations littéraires”, faisant croire aux écrivants du dimanche que l’avenir leur appartient. La “piétaille”, oui… Il faut, pour alimenter un concours – aussi pour certaines revues dites “de création” – tant et plus de chair à canon. Alors la grande illusion – “pourquoi pas moi ?…” –, l’engrenage…

 Aussi, pour le même prix, sans supplément sur les consommations, ce vade-mecum

 – Respectez à la lettre les Saints-Commandements peuplant les règlements :

“La Nouvelle se distingue des autres genres littéraires par ses qualités spécifiques :
Le sujet est original.
Elle n’est pas un récit de longue haleine s’étendant sur une vie, sur une guerre, sur des années. L’action embrasse une période de temps relativement courte (une heure, une journée, une semaine…)
Elle n’est ni légende, ni comte.
Les personnages sont peu nombreux.
Le rythme du récit est rapide et ne s’embarrasse pas de longs développements psychologiques et philosophiques.
Elle est ce difficile art de la concision, de l’essentiel, cette tension de l’écriture jusqu’à la chute qui fait souvent d’une anecdote un destin.”*

* [Authentique]

– Faites preuve du plus absolu fidéisme. Ne vous interrogez pas sur l’origine du texte sacré tant et plus photocopié, copié-collé. N’écoutez pas qui prétend que, pareil pensum faisant loi, Selby jr, Bukowski, Carver, Dixon ou Ravalec n’auraient pas publié une ligne.

– Soyez consensuels ! N’innovez en rien. Inspirez-vous du lauréat de l’année précédente, du texte dernièrement paru. Vous ravirez organisateurs et comités de lecture qui sont gens d’habitudes et augmenterez ainsi les chances d’arriver à vos fins. Tant pis si, au début de la longue chaîne à laquelle vous ajouterez un maillon sans surprise, était un texte de Quentin Flonflon. L’homme qui a écrit : “La porte fatiguée grinça de tous ses gonds alors que j’entrai l’âme en berne de joyeux rigodons ; hier, ici, je dansais sous les lampions.”

– Ne protestez jamais contre les thèmes imposés réduisant la nouvelle à un exercice de style puéril. Faîtes mine de vous réjouir quand vous lisez : “Cette année, le thème est… À la pêche aux moules… ; Quel beau dimanche !… ; Ça, c’est un vélo !… ; Dentier… ; Myosotis… ; Napoléon…”

De même, battez des mains aux incipit imposés : “À 6 heures, son panaris recommença à le lancer…” ; “Tout le monde était bien d’accord : il fallait remplacer la cloche de l’église…” ; “Si les Bogoliens continuaient de la sorte, la mobilisation deviendrait inévitable…”

À qui parle de “ploucoulipisme”, tournez prestement le dos.

– Chutez plan-plan. Cultivez la pirouette convenue :

La surprise de tante Aline
Tante Aline qu’on croyait pleine aux as, qu’on craignait dur qu’elle lègue tout au Petites Sœurs des Pauvres, ben elle avait plus un rond… l’avait tout croqué au casino…

Enfin réconciliés !
Voire… Ce ragoût que Monsieur apprécie tant, Madame, elle l’a préparé avec les meilleurs morceaux de Fidèle, le cabot de la discorde rapport à ce qu’il perd(ait) ses poils.

La chance de M. Georges
Georges, le clodo qui a trouvé un billet d’Euromillion dans le caniveau, après avoir rêvé dix pages de trois étoiles et de septième ciel, il le jette, le billet…

– Écrivez riche. Parcourez les dictionnaires des synonymes à la recherche des termes signalés “vieilli” ou “désuet”. N’écrivez pas : “Un emmerdeur !”, écrivez ; “Un esprit difficultueux…” ; n’écrivez pas “La crampe de l’écrivain”, écrivez “L’agraphie”, n’écrivez pas “Des nouvellistes alignant les formules”, écrivez “Des nouvelliers prolixes en apophtegmes”…

– Bannissez toute “vulgarité”, toute “pornographie”. Montrez-vous de bonne compagnie. Quand bien même le règlement ne le précise pas, l’élision morale est entendue. (Vulgarité et pornographie, c’est bien connu, ça troue le cul.) Eau de rose et parfums capiteux mis à part, rien ne doit suinter de votre plume. Vos personnages ignoreront tout de la grosse commission, idem pour la petite. Toujours, ils garderont leur slip.

– Et surtout n’oubliez pas : au royaume des écrivants-manchots, la couronne est promise à qui écrit avec les pieds.

Raymond CarverRaymond Carver (1938-1988)

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L’éditeur qui n’aimait pas les mots…

On reproche assez aux éditeurs leurs lettres de refus stéréotypées. On les présume suffisamment ne lisant pas les manuscrits arrivés par voie postale. On ne va donc faire grief de rien à qui, ayant lu, se fend au surplus d’un refus personnalisé… Oui, ils sont précieux ces qui-là permettant qu’enfin s’ouvre le débat.

Ainsi, un éditeur m’écrit :

“Votre récit manque cruellement d’épaisseur romanesque ; vous le faites exister par les mots, mais l’avalanche de ces derniers étouffe le lecteur. Nous ne sommes pas sensibles à votre écriture artiste, mélange de verve et d’érudition.”

Cher éditeur,

Certes, me sais décalé plus qu’à mon tour. Mais là… comment ai-je pu ? Des mots… j’ai fait exister un roman par des mots ! con de moi ! Inutile de vous dire ce à quoi je m’emploie en ce moment… plein la bouche !… pas des mots hein ! Des mots… choisis !… pour aggraver mon cas. Des mots suintant la verve, l’érudition… Haut le cœur ! Chapeau l’artiste ! Indécrottable bohème… je mourrai un jour dans mes mots, étouffé !… cerné d’insensibilité générale. Alors ce sera fini et je serais bien content.

Sincèrement.

Mots

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Que sont mes livres devenus ?

Que deviennent nos livres, après que nous les avons écrits ?

Désiré Gogueneau© “Désiré Gogueneau”, in “Les saucisses de l’exploit”, Charlie Schlingo, Les Humanoïdes Associés, 1985.

Oui, mais Charlie Schlingo est mort… (Hommage.)

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Écrivain du placard

Je relis quelques pages. Les trouve parmi les meilleures de ma production. Et réalise : pour gagner de la place, l’ordinateur avait été installé dans un placard sans porte.

Je suis un écrivain du placard.

Définitivement.

Placard

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Catfish Mc Davis, A.D. Winans, Bukowski… pour mes yeux tristes

À peu près comme ça…

Il y a Catfish McDaris – le poète vivant bien qu’il réussit son suicide – qui écrit comme Bukowski, qui a travaillé à la Poste comme Bukowski, et qui rend hommage à Dave Church :

“Jessie était taximan depuis des années. Il y pensait comme à un hobby pour garder une oreille sur les rues. Sa véritable occupation était la poésie, c’était ça qui lui remuait les sangs. Les femmes, la bibine et l’herbe jouaient aussi un rôle important. Quand tout le reste était parti, les mots étaient là. […]

Miaou, Catfish McDaris

Il y a Dave Church, dont parle ainsi A. D. Winans :

“Dave Church ne se ballade pas avec un P tatoué sur le front comme de nombreux poètes de ma connaissance. […]

Il y a A. D. Winans, dont parle ainsi Bukowski :

“A. D. Winans est un des rares poètes que j’ai rencontrés (et bordel j’en ai rencontré beaucoup trop) qui ne se comporte pas comme un écrivain et ne pense pas continuellement à lui comme un écrivain, et c’est peut-être pour cela qu’il écrit mieux que les autres. Ma préférence va toujours à un poète que je peux supporter pendant plus de dix minutes ; c’est rare, et c’est le cas avec A. D. […]

Le tout traduit par Éric Daejeger dans les numéros spéciaux de sa revue Microbe – épuisés – qu’il réédite au scanner rien que pour mes yeux tristes.

J’y pense en observant une fille à forte poitrine, dans les 20-25 ans, marchant à ses dépens au beau milieu de la rue. Quelque part dans le XVe.

PS : Quelle heure est-il à Samarkand ?

 

Microbe

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Aimer ou écrire…

Personne ne peut aimer une femme et écrire un roman simultanément. Je veux dire : Écrire un ‘vrai’ roman, aimer ‘vraiment’ une femme.”

 Zone érogène, Philippe Djian, Éditions Bernard Barrault, 1984

C’est parfois un peu plus compliqué que ça…

Écrivain, je suis aussi éditeur.

Non pas que je possède une maison d’édition. Ni que je sois salarié d’une telle entreprise.

Plutôt, je suis en position de faire publier des textes. Des textes que j’ai… rencontrés. Ou que je suis allé chercher.

Là commencent les ennuis – les femmes n’y sont pour rien. Que l’on se figure mes personnages quand je me consacre tout entier à ceux des autres ! Que pensent Denys, Laetitia ou Cigismond, quand ils me savent au côté de Malou, M. le sénateur ou Pistache ?

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Que sont mes personnages devenus ?

Je me demande souvent ce que deviennent les personnages de mes nouvelles, de mes romans. Jamais un mot. Pas même au Jour de l’An, aux anniversaires. Et quand je compose les numéros de téléphone que je leur ai attribués, d’autres qu’eux décrochent.

J’espère seulement qu’ils vont bien.

PS : mes Lutins, eux, sont omniprésents.

NPAI

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