Choisir un livre… disent-ils !

Et puis il y a la critique…

Longtemps, en France, elle fut affaire, si ce n’est de bons bourgeois, en tout cas de bien nourris, par ailleurs écrivains, extravaguant sur leurs collègues au grès de leurs intérêts du moment. De leurs intérêts… ou de leurs agios. Car on ne le rappelle pas assez, le critique authentique est payé pour sa besogne – laquelle constitue, souvent, une part non négligeable de ses activités rémunérées.

Mais en ces temps d’eschatologie littéraire, la critique n’est plus l’apanage d’émargeants attitrés. Pinpins et pingouins en goûtent plus qu’à leur tour les délices…

J’avais découvert l’étrange association “Choisir un livre” alors que, sur son site, on se refusait à reproduire les couvertures des ouvrages jeunesse jugées trop violentes. (Je répète : “les couvertures des ouvrages jeunesse jugées trop violentes”…)

Je devais recroiser ladite étrange association à l’occasion de la première édition de l’un de mes romans. Mais en l’absence de dénie de paternité, ne pas reconnaître son enfant est à tout le moins… gênant. Que l’on comprenne alors mon embarras devant l’incipit de la critique de Terminus Brocéliande par “Choisir un livre” :

“Le corps de Christophe est retrouvé inanimé en forêt de Brocéliande, ses vêtements sont lacérés et couverts de sang.”

Las ! Qui a lu le roman le sait : Christophe R., le disparu, ne sera – justement ! – jamais retrouvé… Foin de “corps inanimé”, donc. Et trêve de “sang” ! (Le terme – pour une farce – n’apparaissant nulle part dans le récit.) L’intrigue tout entière basée sur l’hypothèse d’une disparition volontaire du personnage, on peine à conceptualiser la confusion ici opérée. Sauf à vouloir “servir” – à toute force – la conclusion :

“Un roman bien noir et lugubre.”

Un peu comme on se désolerait de cette histoire malsaine où une dénommée Bovary finit alcoolique et malade d’une cirrhose…

Bien sûr, ce qui précède ne serait qu’enfantillages si l’eschatologie littéraire ne permettait désormais au premier pinpin-critique – à moins qu’il ne s’agisse de critique-le-pingouin – de connaître une audience sans commune mesure avec ses petits écrits… Ainsi, par la grâce du copier-coller, voilà la triste tambouille de “Choisir un livre” chargée de “Description du produit” Terminus Brocéliande sur Amazon.com… Le mauvais brouet s’infiltrant même – un temps – sur la base de données Electre ! Grand public et professionnels pareillement induits en erreur. Tout est dit.

L’étrange association, trois ans après avoir été alertée, n’ayant daigné répondre ou rectifier, ce blog est fier de lui décerner, pour son déficit notoire d’“esprit critique”, un zéro pointé bien mérité !

Eschatologie littéraire : Choisir un livre

A propos Renaud Marhic

Journaliste indépendant, Renaud MARHIC a collaboré à des publications choisies (Charlie Hebdo, Le Vrai Papier Journal, etc.). Essayiste, romancier, auteur jeunesse, il a publié une vingtaine d’ouvrages chez divers éditeurs. Grand amateur de récits folkloriques et légendaires – pour ce qu’ils révèlent de l’humain –, Renaud MARHIC vit en Bretagne. Devenu le “Petit Reporter de l’Imaginaire”, sa série Les Lutins Urbains met à l’honneur un “merveilleux merveilleusement incorrect”, invitant le jeune lecteur à une réflexion sur quelques thèmes universels, sans moralisme, en tout humanisme.
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