Polars&Grimoires

L’éditeur mauvais payeur (cf. 27 AOÛT 2008) liquidé comme il se doit, “Polar Grimoire” (cf. 17 AVRIL 2007) devient Polars&Grimoires, “une marque déposée de Renaud Marhic”.

Des enquêtes, des intrigues, prenant pour base le LÉGENDAIRE BRETON et, à sa suite, le LÉGENDAIRE DU MONDE… La collection POLARS&GRIMOIRES a vocation à publier des textes contemporains mettant en scène l’humanité confrontée aux LOCATAIRES DE SON IMAGINAIRE : des Korrigans à la Bête du Gévaudan… de Merlin à l’Ankou… de la Fée Morgane au Meneur de loups… POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE !

Dans l’immédiat… Réédition des deux premiers titres de la collection : Terminus Brocéliande (Renaud Marhic) et Ankou, lève-toi (Frédérick Houdaer), “nouvelles éditions 2008” (corrigées et remaquettées). Parution, surtout, de La Dame Blanche était en noir (Michel Brosseau), inédit, et troisième opus Polars&Grimoires.

L’aventure, donc, continue…

Polars&Grimoires

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Devant Saint-Exupery et “Les Bidochons” réunis

Les succès que l’on peut… Celui-là me  va bien. (Toucy, 3000 habitants, capitale de La Puisaye, patrie de Pierre Larousse, une librairie.)  Être – une fois dans sa vie – devant Saint-Exupery et Les Bidochons réunis.

L'Yonne Républicaine

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L’Oreille de Denys

Renaud Marhic est heureux de vous annoncer la parution, etc. Cette fois, c’est un peu différent… On peut bien investir pareillement chacun de ses ouvrages – du mieux possible, au fil de l’écriture –, on sait aussi, un jour, posant le point final, que l’on vient d’achever là son “œuvre capitale”. (Au sens que donne le compagnonnage à cette expression.)

 Ainsi de L’Oreille de Denys.

Où le narrateur – “psychologue-sexologue” au myocarde incertain – connaît l’illumination, découvrant l’une de ses patientes – réputée inexplicablement stérile – sans expérience des voies communes en matière de reproduction… Le voilà pensant – enfin ! – l’abîme séparant l’ostentatoire de l’in petto. Et de tenter, à cette aune, d’embrasser une dernière fois le monde. Fin de vie consacrée à traquer la psyché lascive de ses contemporains en ses anfractuosités, quand sa pratique professionnelle lui en avait révélé seules les clés contrefaites. Mais il ignore, ce faisant, initier une réaction en chaîne lui promettant d’assister à la naissance des “Dieux”…

Tentative pour penser notre société en son fonctionnement hystérique… dégringolade dans les bas-fonds de l’acculturation… constat clinique de la mort du langage… dénonciation de pseudo-thérapies d’autant plus effrayantes que ceux qu’elles brisent en redemandent… L’Oreille de Denys, après force pérégrinations éditoriales – aussi quelques avertissements quant aux “incompréhensions” que l’ouvrage ne manquera pas de susciter –, a finalement trouvé refuge aux Éditions Rhubarbe, “éditeur de littérature sauvage, textes inclassables et autres curiosités”. À consulter le catalogue des auteurs maison, on comprend qu’il y a pire compagnie.

Et ainsi, tout est dit.

L'Oreille de Denys

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L’éditeur mauvais payeur [syndrome de]

“Le métier des lettres est tout de même le seul où l’on puisse sans ridicule ne pas gagner d’argent.”

Journal de Jules Renard, 1905-1910

Ayant cité Renard, on n’a pas tout dit, tant s’en faut. Cette faculté de l’écrivain à ne point gagner d’argent tient aussi à ce curieux syndrome frappant le monde de l’édition ; j’ai nommé le “syndrome de l’éditeur mauvais payeur”…

Le syndrome, donc, à peu près celui-ci : l’auteur sera payé – au mieux ! – de ses premières ventes. Tôt ou tard, les relevés de droits ne seront pas/plus envoyés. Si – réclamation oblige – ils finissent par être communiqués, ils resteront impayés… (Plus qu’un syndrome, une pratique ! un usage !)

Certes, l’éditeur mauvais payeur encourt les tribunaux. Selon une constante jurisprudence, il y sera condamné. Mais, les tribunaux, encore faut-il qu’on l’y traîne. Pour retarder l’échéance, l’éditeur mauvais payeur ne manque généralement pas de proposer à l’auteur un tacite marché de dupes : certes, pas une thune, plus un radis, et foin d’artiche… mais qu’est cela en regard de la reconnaissance sociale inhérente à la publication, au statut d’écrivain ?… Allons, un peu de sérieux, l’auteur ! Ne comprenez-vous pas, Œdipe petit pied, qu’à réclamer vos droits c’est le père que vous assassineriez ? Cette branche qui vous fait séant, iriez-vous la scier ?…

L’esclavage a beau avoir été aboli voilà deux siècles (décret n°2262 de la Convention nationale du 16 Pluviôse, an II de la République française, une & indivisible), sur la foi d’une simple promesse – être de nouveau publiés –, bien des auteurs accepteront cette forme de travail non rémunéré. (Pas moins rémunérateur – ô combien ! – pour l’éditeur mauvais payeur.)

La chanson est connue, et je serais mal placé pour prétendre en ignorer les couplets…

“Il n’est pas d’ego qui résiste à l’odeur de l’encre fraîche…”

Les testicules alimentaires, Renaud Marhic, Hématomes Crochus n°13, août 2003

Il n’empêche… À m’être égaré chez un mauvais payeur, je fais aujourd’hui, à mon tour, les frais du syndrome. (Moins que d’autres, il est vrai…)

Que s’est-il passé ?… L’apprenti sorcier a succombé sous les assauts des dupes susmentionnées, un jour lassées du marché : auteurs désenchantés à force d’impayés, transformés – mauvaise magie ! – en créanciers déterminés… Bien sûr, les “messages personnels” égrainés sur ce site au cours des mois écoulés n’y auront rien changé. Depuis belle lurette, le roi était nu… bluffeur patelin ignorant des rires, des pieds de nez qui se multipliaient dans son dos… inconscient des événements en cataracte l’obligeant, peu à peu, à révéler sa véritable nature… indifférent aux avertissements de mes Lutins (merci Bug)… croyant pouvoir s’opposer à la loi… (Que croyez-vous qu’il arrivât ?… ce fut la loi qui triompha…)

Après cinq ans de “traitement de faveur” (on me payait, moi, l’auteur qui ne transigerait pas…), je dois moi aussi passer par pertes et profits quelques milliers d’euros, oublier cinq années d’efforts éditoriaux, et m’accommoder de la disparition d’une partie conséquente de mon œuvre dispersée au hasard des soldeurs… (Mes Lutins, eux, rigolent – ravis de s’en aller, à p’tits prix, infester d’autres foyers.)

À ce stade, il fait beau citer Kipling… Sauf qu’à rebâtir sans un mot, je n’ai pas attendu de voir détruit l’œuvre de ma vie. Tandis que la galère prenait l’eau de toute part, que bruissait la révolte des rameurs, en soute, je travaillais d’arrache-pied à ce radeau bientôt à la mer. Quand enfin sombra la galère, déjà avais-je atteint d’autres terres…

Pour épilogue au naufrage, me reviennent mes 17 ans. Au café des copains, un soir, l’un de nous – musicien, dessinateur (il sera le premier à se ranger loin de toute carrière artistique…) –, celui-là, donc, m’avait caricaturé dans une posture trahissant mon actualité du moment. Où l’on peut me voir – sur fond d’espace intersidéral – occupé à changer de planète… (Mon univers était alors celui de la “radio libre” ; d’autres marchés de dupes y avaient force de loi, bien entendu.) Mâchoires serrées, je vais mon nouveau chemin – en toute détermination ; à bon entendeur… Punaisée au mur de mon bureau, elle n’en a plus bougé depuis, cette caricature. La contemplant un quart de siècle plus tard, me dis que je n’ai pas tant vieilli.

Marhic

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À l’éditeur mauvais payeur (4)…

Veuillez à présent écouter quelques messages personnels :

“Le roi est nu”

Je répète :

“Le roi est nu”

Andersen

Le Roi est nuDuncan Carse, 1923

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À l’éditeur mauvais payeur (3)…

Veuillez à présent écouter quelques messages personnels :

“Tu bluffes,

tu dis que tu sais mais tu bluffes

tu bluffes

tu peux pas t’en passer tu bluffes

J’essaie de te croire mais je n’y arrive pas

tes arguments mégalomanes ressemblent à des chèques en bois

parce que tu as la foi, tu peux bluffer l’existence

t’es prêt à n’importe quoi pour tromper l’évidence

comme un diable innocent,

comme un serpent

[…]

Comme un programmateur alcoolique avant le décompte atomique

tu bluffes comme un esclave et tes amis le savent

on se moque de toi quand t’as le dos tourné

tous les mannequins rigolent en faisant des pieds de nez”

Je répète :

“on se moque de toi quand t’as le dos tourné

tous les mannequins rigolent en faisant des pieds de nez”

Tu bluffes, Charlélie Couture, EMI France, 1991

Pied de nez

Vilhelm Pedersen

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À l’éditeur mauvais payeur (2)…

Veuillez à présent écouter quelques messages personnels :

“[Les lutins n’ont pas leur pareil pour] provoquer des événements en cascade, voire en cataracte – des événements incongrus, forçant les humains à révéler leur vraie nature. […] Plus légitime encore, l’opposition des lutins aux chambardements entrepris pour de sordides raisons de lucre.”

Je répète :

“ … pour de sordides raisons de lucre.”

Vie et mœurs des lutins bretons, Françoise Morvan, Acte Sud, 1999

Bug le Gnome

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À l’éditeur mauvais payeur…

Veuillez à présent écouter quelques messages personnels :

“I fought the law and… the law won”

Je répète :

“I fought the law and… the law won”

I Fought the law, S. Curtis, 1959, The Clash, 1979

Justice

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Pathétique et toc [Howard Sounes sur Bukowski]

Combien de fois l’avais-je entendu, cette biographie de Charles Bukowski sous la plume de Howard Sounes – Locked in the arms of a crazy life – l’emportait sur toute autre, évitant les pièges de l’hagiographie, n’épargnant pas les travers du personnage…

Ladite biographie vient d’être traduite en français aux Éditions Du Rocher sous le titre Charles Bukowski – Une vie de fou… L’intéressé y apparaît en couverture comme on a rarement pu le voir : pincé, hautain, inquiétant. Il existe des dizaines de photos de Bukowski, toutes ne sont pas posées, loin s’en faut. Elles montrent l’écrivain sous bien des jours : souriant, saoul, grave, saoul, hagard, saoul, désespéré, saoul… Jamais tel que sélectionné par Sounes.

Et pour cause : la “biographie évitant l’hagiographie” est un pur produit du people anglo-saxon tel que le pratiquent les non moins anglo-saxons tabloïds. Certes, un livre à charge sur Bukowski ne serait en rien gênant. Mais le livre de Howard Sounes n’est pas à charge, il est – selon la sémillante terminologie journalistique – “anglé”… Suivant les méthodes éprouvées de la presse à scandales, diverses méthodes sont alors à l’œuvre. À ce titre, les légendes du cahier-photos – bien des lecteurs n’iront pas plus loin – sont d’une grande éloquence. Toujours, il s’agit de présenter comme révélation ce qui est parfaitement connu. Et ce, pour mieux faire passer l’insinuation sans laquelle point de scandale…

“Le poète Steve Richmond resta un ami proche pendant des années mais trouvait hypocrite l’attitude de Bukowski vis-à-vis des drogues.”

Il convient ici, comme dans le reste du livre – “Bukowski n’avait pas eu le temps de se droguer mais il était complètement saoul.”, etc. –, de laisser entendre que le personnage fut toxicomane. (Il est vrai que Steve Richmond sait de quoi il parle, lui, adepte revendiqué du LSD, qui affirma avoir vu Bukowski, au cours d’une soirée, réduire à la taille de 75 cm…) Mais comme dans le cas de Gainsbourg, l’alcoolisme ne suffit pas. Et tant pis si la toxicomanie révélée consiste en “pas mal d’herbe à la fin des années soixante […]” et “son unique trip sous LSD” — dont l’intéressé ne fait pas mystère dans ses nouvelles, pour mieux affirmer d’ailleurs, au final, son opposition aux drogues.

“Le poète beat et écrivain Gay Harold Norse créa une controverse en révélant que Bukowski lui avait montré son pénis et lui avait demandé d’en faire autant.”

Oui, comme bien d’autres, Bukowski déballait la boutique quand il était ivre ; chose connue entre toutes. Mais sous-entendre une homosexualité latente est autrement vendeur… Et tant pis si l’homosexualité révélée – mais au fait, où est le problème ? – consiste, manifestement, en quelques expériences dont l’intéressé ne fait pas mystère non plus dans ses nouvelles.

“Joanna Bull se sentit si mal après avoir fait l’amour avec Bukowski qu’elle en vomit.”

S’il faut commenter, c’est que le malsain, l’ignoble, touche ici au grotesque. En guise d’enquête, Howard Sounes joue principalement des rancœurs des ex-compagnes de Bukowski décrites dans Women. Ainsi de Joanna Bull : “[…] un corps correct […] Sa conversation m’ennuyait et, la plupart du temps, son rire était faux et sonore.” L’intéressée ne manquant pas alors de se cabrer – “Nous avions des discussions passionnées et j’avais un corps magnifique !” — et, à l’invitation de Sounes, se venger…

“Jo Jo Planteen, une jeune admiratrice que Bukowski essaya de séduire à la fin des années soixante-dix.”

Sans doute le nom de l’intéressée, prédestiné à l’évocation du détournement de mineur, ne suffisait-il pas. Jo Jo Planteen apparaîtra donc sur la photo juvénile en diable, adolescente… Sans plus de commentaire, le corps du texte nous apprend pourtant qu’âgée de 22 ans, c’est elle qui contacta Bukowski “par défi” !

“Le poète William Wantling se saoula jusqu’à la mort après la publication d’un texte sarcastique de Bukowski sur son compte. Ce dernier essaya de séduire sa veuve éplorée, Ruth, qui ne lui pardonna jamais.”

Il fallait bien y arriver… Sur la fameuse nouvelle de Bukowski visant, dans son style habituel, William Wantling – décrit par Soumes comme souffrant “d’une terrible dépendance à la drogue et à l’alcool” – greffer l’accusation de meurtre par procuration… On reste alors ébahi devant l’argumentation fournie par le texte lui-même : “Bien que Wantling n’ait peut-être pas eu l’occasion de lire cette nouvelle, Ruth pense qu’il en entendit parler. Ses nombreux amis de L.A. l’avaient sans doute averti. Moins de deux semaines après la parution de la fin de la chronique, Wantling était mort.

Mais Howard Sounes ne fait pas que pratiquer le faux scoop, l’insinuation, la diffamation… Plus simplement, il ment par omission. Ainsi met-il en scène, pour les besoins du flétrissement, la fameuse lecture publique au City Lights Book de San Francisco en septembre 1972 :

 “ »On se connaît ? demanda-t-il à un fan qui l’interpellait à haute voix. Ne me bouscule pas, bébé…, dit-il d’un ton menaçant avant de se fendre d’un large sourire. Encore une bière et je vous prends tous ! » Il rejeta la tête en arrière, exposa sa dentition en ruine et gloussa « Ah ! Ah ! Ah ! Faites gaffe ! » Un autre spectateur tenta de monter sur scène. « Putain, qu’est-ce que tu veux, mec ? Dégage ! s’écria Bukowski comme s’il parlait à un chien. Qu’est-ce que t’es ? Un genre de vicelard ? »”

 La suite à l’avenant, toujours insistant sur la laideur physique du personnage, décrivant un malade mental en crise, prêt au passage à l’acte… Locked in the arms of a crazy life, n’est-ce-pas… Quand Howard Sounes publia son livre, en 1998, il n’était pas facile de contrôler ses dires. Aujourd’hui, après la sortie du documentaire Bukowski (Pretty Pictures, 2004), de John Dullaghan, on sait ce qu’il en est de cette lecture au City Lights Book. Et l’on comprend que Howard Sounes a sciemment choisit d’éluder les raisons de ce début d’altercation :

“Je ne me laisse pas faire. Je commence à lire mon poème. J’entends la voix de ce type s’élever par-dessus mon poème. Je vais me diriger vers lui et le foutre hors de la ville physiquement. Je vais le foutre dehors à coup de pied au cul. Alors fais gaffe ou je te démolis, mother fucker !”

Howard Sounes – qui n’a jamais rencontré Bukowski – n’a que faire de la réalité. La nature humaine lui est étrangère… Il méconnaît ce que les femmes délaissées racontent de leurs anciens amants… Il feint de tout ignorer de l’âme des poètes… Ne veut pas savoir ce qui peut se passer dans les bars… Et frémit à l’évocation des concours de bites… Comme tous les menteurs sans talent, Howard Sounes est pathétique. Et toc.

Charles Bukowski

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Petit reporter [souvenirs de]

“Je suis parti, je crois on peut le dire, un peu la fleur au fusil, pensant qu’en tant que journaliste, quand on s’attaquait à un tel fait de société, on ne pouvait qu’avoir un grand nombre de personnes derrière soi, peut-être pas tout le monde, mais en tout cas la majorité. C’est beaucoup plus compliqué que ça… Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les sectes n’ont pas forcément mauvaise presse. Il y a dans la société, dans les médias, chez les sociologues des religions, dans bien d’autres secteurs encore, des gens qui défendent farouchement la liberté qu’ils disent « religieuse » et que j’ai constaté être la liberté de manipuler.”

Les Nouvelles croyances, France 3 Ouest, 19 novembre 2003

France 3 Ouest : Les nouvelles croyances

Quand je repense à cette déclaration que j’effectuais sur un plateau de télévision nantais, voici quatre ans passés (j’enterrais alors ma vie de petit reporter), je me trouve des pudeurs de chaisière…

Évidemment, à cette époque, il m’aurait été difficile de déclarer à la face du monde que mes archives regorgeaient d’aimables sauf-conduits et autres témoignages de moralités délivrés par quelque haut-fonctionnaire, quelque politique, quelque autorité morale, en faveur des pires crapuleries sectaires… Que dans ma bonne ville, de bonnes gens arrêtaient ma mère dans la rue : “Qu’est-ce ton fils est allé fouiller la merde ?…” Qu’en cette même ville du Ponant, le sympathique fonctionnaire de police en charge du dossier le conservait en une deshérence rimant avec complaisance, n’oubliant jamais, à l’inverse – et avec quelle inspiration ! –, de flétrir qui, ici, s’opposait aux crapuleries sectaires précitées… Qu’à Brest, toujours, l’intervention fiévreuse d’un petit notable dûment encarté à l’Ordre du Temple Solaire (74 morts à ce jour), suffit à me faire tricard dans deux librairies : livre indisponible dans l’une, conférence annulée dans l’autre. (Merci à La Cité d’avoir, elle, résisté.)

Non, vraiment, à cette époque, il m’aurait été difficile de déclarer tout cela. Aussi, il me faut aujourd’hui remercier Mme Emmanuelle Mignon, directrice du cabinet du président dela République, M. Nicolas Sarkozy. Au risque de la méthaphore animalière, il est en effet permi d’estimer que, grâce à sa délicatesse d’éléphant dans un magasin de porcelaine, le loup est enfin sorti du bois…

 

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